Que tous ces gens se trouvent rassemblés, comme il leur arrivait parfois
avec, encore, pour prêter de la diversité à leur groupe, quelques
individus d’un autre genre, et les bureaux de la Douane devenaient pour
un temps le théâtre d’une scène animée. Mais au bout de l’escalier de
granit, vous n’aperceviez, le plus souvent – dans l’entrée si c’était
l’été, dans leurs bureaux respectifs si c’était l’hiver – qu’une rangée
de vénérables personnages renversés dans des fauteuils à l’ancienne
mode, en équilibre sur leurs pieds de derrière, et le dossier appuyé aux
murs. La plupart du temps ces braves gens dormaient. Mais, parfois, on
pouvait les entendre échanger des propos, en accents qui tenaient du
langage parlé et du ronflement, et avec ce manque d’énergie qui
caractérise les pensionnaires des hospices et tous les humains dont la
subsistance dépend de la charité, ou d’un monopole, ou de n’importe
quoi, excepté d’un effort indépendant et personnel. Ces vieux messieurs
étaient les fonctionnaires de la Douane.Au fond de l’entrée, à gauche,
se trouve une pièce de quelque quinze pieds carrés, majestueusement
haute de plafond, nantie de deux fenêtres en ogive ayant vue sur le quai
en ruine dont nous avons parlé et d’une troisième donnant sur une
ruelle. Toutes trois laissent apercevoir des épiceries et des magasins
de fournitures pour la marine. longchamp pliage pas cher
Devant la porte de ces boutiques, on peut généralement voir bavarder
et rire les groupes de vieux marins et autres rats de quai qui hantent
le quartier. La pièce en question est tapissée de toiles d’araignées et
toute sale sous ses vieilles peintures. Un sable gris couvre son
plancher selon un usage partout ailleurs depuis longtemps tombé en
désuétude. On conclut aisément de la malpropreté de l’ensemble que c’est
là un sanctuaire où la femme et ses outils magiques que sont plumeaux
et balais n’ont accès que fort rarement. En fait de meubles, il y a un
poêle à volumineux tuyau, un vieux bureau de sapin avec un tabouret à
trois pieds devant lui, deux ou trois chaises de bois toutes décrépites
et branlantes et, pour ne point oublier la bibliothèque, quelques rayons
où figurent une douzaine ou deux de tomes des Annales du Congrès et un
abrégé ventru des lois sur les recettes. Un tuyau de fer blanc monte
transpercer le plafond à titre de moyen de communication vocale avec les
autres parties de l’édifice.Allant et venant dans cette pièce, ou haut
perché sur le tabouret, un coude sur le bureau et les regards errant sur
les colonnes du journal du matin, vous eussiez pu, il y a six mois,
reconnaître, honoré lecteur, l’individu qui vous souhaitait jadis la
bienvenue dans son gai petit cabinet de travail du vieux presbytère que
le soleil éclairait si agréablement à travers les branches d’un saule. longchamp pliage
Mais, si vous alliez aujourd’hui le chercher en ces lieux, en vain
demanderiez-vous le contrôleur démocrate. Le balai de la réforme l’a
chassé de son poste et un successeur plus digne s’est vu revêtir de sa
fonction et empoche son traitement.Cette vieille ville de Salem, ma
ville bien que je n’y aie que peu vécu, tant durant mon adolescence
qu’en un âge plus mûr, exerce ou exerçait sur mes affections un empire
dont je ne me suis jamais rendu compte pendant que j’y résidais. Il faut
dire que telle qu’elle se présente – avec sa surface plate couverte
surtout de maisons de bois dont très peu peuvent faire valoir des
prétentions architecturales, ses irrégularités qui n’ont rien de
pittoresque, mais ne font que mieux ressortir sa monotonie, ses rues
paresseuses qui s’étirent péniblement entre la Colline du Gibet{5} à un
bout et une vue sur l’Hospice à l’autre, ma ville natale n’est guère
attachante. Si l’on ne considère que son aspect, tant vaudrait éprouver
un penchant envers un échiquier en désordre qu’envers elle. Et pourtant,
bien qu’invariablement plus heureux ailleurs, j’éprouve envers ma
vieille Salem un sentiment que, faute d’un terme meilleur, je dois me
contenter d’appeler de l’affection. Sans doute faut-il en rendre
responsables les profondes racines que ma famille enfonça anciennement
en ce sol. longchamp Sac a Dos Classique
Il y a aujourd’hui presque deux siècles et quart que l’émigrant de
Grande-Bretagne{6} qui, le premier, porta ici mon nom, faisait son
apparition sur le sauvage lieu de campement entouré de forêts qui devait
devenir ma ville. Ses descendants sont nés et sont morts en ce même
endroit. Leur substance terrestre s’y est tellement mêlée au sol que
celui-ci doit en bonne partie s’apparenter aujourd’hui à la forme
mortelle sous laquelle, tant que durera mon temps, je vais et viens par
ces rues. L’attachement dont je parle ne serait donc en partie que
simple sympathie sensuelle entre poussière et poussière. Peu de mes
compatriotes peuvent savoir de quoi il s’agit et, des transplantations
fréquentes étant peut-être préférables pour la race, sans doute
n’ont-ils guère à le regretter.Mais ce sentiment a aussi une valeur
spirituelle. Le personnage de ce premier ancêtre, revêtu par la
tradition familiale d’une sombre grandeur, a été, d’aussi loin qu’il
puisse me souvenir, présent dans mon imagination d’enfant.
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